Classe prépa en 2014... Toujours d'actualité ou complètement dépassé ?

La récente polémique sur la rémunération des profs en classe prépa m'a donné envie de revenir sur mon expérience perso et donner mon avis sur l'utilité de cette formation.
Qu'est-ce que j'ai appris de mon séjour en classe prépa ? Comment je l'ai vécu ? Est-ce que je serais prêt à le refaire ? Et surtout est-ce qu'elle s'inscrit dans les besoins des étudiants et de notre temps ? Voici les questions auxquelles je vais tâcher de répondre en toute honnêteté.

Une école peut t'apporter des connaissances, des valeurs, un travail et un réseau (vous voyez autre chose ? Parlons-en !).
La prépa n'est qu'un vecteur, un moyen parmis d'autres d'intégrer une école, qui elle-même est un moyen de mener la vie professionnelle qu'on souhaite mener. Ramené à l'échelle d'une vie, cela ne représente pas grand chose, mais cela peut grandement influencer votre vie. Je ne cherche pas à briser un mythe ou en vanter les mérites, mais au contraire montrer que la prépa est une formation comme une autre qui correspond à un certain type de personnes, mais pas à tout le monde.

Personnellement je n'ai pas choisi de faire une prépa, et je crois que c'est le cas de beaucoup d'entre nous, c'est le système qui a choisi de m'y faire entrer. J'étais bon en science et je ne savais pas ce que je voulais faire, mon seul but était de faire ce qui était "bien", en l'occurence avoir de bons résultats. Et dans cette course effrenée à la performance, la prépa n'était que l'étape suivante. On se dit dans ces cas là que l'on n'est pas dupe, qu'une fois l'obstacle franchis on pourra alors penser à ce qu'on aime. C'est la vérité, mais il est naïf de penser que la traversée de la montagne n'aura pas quelques effets sur nous. Et si en prépa tu apprends à travailler longtemps et sous pression, tu peux aussi y perdre des plumes.

Durant ma première année en math sup, j'étais dans la moitiée supérieure de la classe, sans franchement faire partie du top. J'avais du mal à me sociabiliser, même si j'avais pas mal d'amis. Je passais en fait le plus clair de mon temps à travailler à tout va, faire les DM, les exos, apprendre le cours et préparer les DS. Je n'avais pas vraiment d'autre but que de scorer au maximum. Quant tu prépares des concours aussi classiques que les concours des grandes écoles, l'objectif est complètement traçé, pas besoin de se demander dans quelle direction il faut aller. Du coup, je me suis complètement formaté. Avec du recul je vois bien que j'ai été naïf de croire qu'il suffisait de travailler comme une brute pour réussir. Si la vie était aussi simple, cela se saurait. Du coup l'arrivée en école, et plus tard l'arrivée dans la vie active ne sont que désillusions. Lorsque tu vis dans un monde complètememt carré dans lequel tout est expliqué et rationnalisé, tu ne comprends pas pourquoi tu échoues alors que tu fais "tout ce qu'il faut faire". Et peu à peu on se rend compte que tout ce qu'on nous a appris ne nous aide pas à résoudre tous nos problèmes. Tu peux écouter, analyser, rationaliser dans beaucoup de cas, mais lorsque qu'il s'agit de choisir son job, se présenter dans un entretiens d'embauche, de saisir l'humour dans une blague, ou encore de décrypter les intentions d'un client...Il vous faut d'autres leviers.

Ce n'est pas mon but ici de m'éterniser sur ces leviers qui font partie de notre vie, mais je vais quand même me justifier un peu. Lors des entretiens d'embauches que j'ai passé, j'ai senti qu'on attendait de moi plus que simplement d'être capable de résoudre des problèmes de manière analytique et en se basant sur des faits. Il faut aussi faire preuve de créativité, prendre en compte les besoins humains et les jeux politiques. Autant de chose que nous ne sommes pas habitués à prendre en compte lors d'une analyse scolaire d'un problème. La prépa est totalement inutile dans ce genre de situation. Tout y est carré, c'est le contraire dans la vie. Vous êtes évalué sur une performance individuelle, et le système ne prends pas en compte votre personnalité, c'est aussi le contraire dans la vie.

L'éducation que nous avons reçue n'est pas adaptée aux besoins que nous avons dans nos vies professionnelles respectives, et ce qu'on y apprend se réduit bien souvent au pedigree qu'on nous attribue lorsqu'on vient de telle ou telle école. Sur le fond, l'immense majorité de ce que j'ai appris m'est inutile aujourd'hui. C'est d'autant plus vrai que nos prépas et nos écoles nous "poussent" ce qu'elles pensent que nous devons apprendre plutot que de se demander ce qui nous attire et faire en sorte que nous apprenions parce que nous avons un besoin plutôt que parce que nous y sommes forcés.

Pour toute ces raisons, je pense que les classes prépas résistent bien mais uniquement parce qu'elles s'inscrivent dans une tradition d'élitisme à la française. Néanmoins je suis persuadé qu'elles ont vocations à s'adapter aux étudiants et aux besoins en compétences (pas seulement "cartésiennes") du monde d'aujourd'hui, ou bien à disparaitre au profit de formations plus utiles dans la vie active. Je ne referais pas ça tout simplement parce que cela ne correspond pas à ce que je recherche dans ma vie pro et personnelle, et parce que cela déforme trop la personnalité des gens et les encourage dans une voie qui n'est pas forcément ni la leur, ni la bonne..

Et vous, vous feriez quoi ?